dans la chambre des garçons

installation vivante et spectaculaire
imaginée pour 
l’espace public de 9 cabines d’attraction
sensations fortes, DJ Néon & barbe à papa
création saison 2024-2025

 

texte • interviewé·e·s & yohan bret
mise en scène • yohan bret
création sonore • aurélien caillaux
création photographique • raphaël lucas
scénographie & construction • yoan richard
interprétation • anne-gaëlle duvochel, alexis ballesteros et en cours de distribution
production • olivier cotro

résumé

pourquoi les garçons ne parlent-ils jamais d’eux-mêmes ?

cette question s’est imposée à nous, lors de notre tournée de x, y et moi ?. depuis sa création en 2016, ces 6 années de tournée et 250 représentations suivies de débats systématiques nous ont appris que les garçons ne parlent pas. en tout cas pas d’eux, lors de ces débats, publiquement. un ou deux garçons seulement, parmi environ 11000 spectateurs… alors, cette question nous a sauté au visage et ne nous quitte plus depuis : sur leur intimité, les garçons sont-ils condamnés au silence et est-ce par choix, par devoir, par peur ou… ?

j’ai donc décidé de construire une enquête.

pour notre dernière création, le bal des lucioles, qui faisait suite aux violences autour du mouvement des gilets jaunes, j’avais interrogé c.r.s., « black bloc », manifestant·e·s condamné·e·s et citoyen·ne·s lambda.

depuis un an, je parcours la france et rencontre des hommes, ainsi que quelques femmes, afin de les interroger sur leur virilité. dictaphone et polaroid m’accompagnent dans ces entrevues intimes d’inconnu·e·s, que je provoque par le biais de fixeurs/fixeuses (personnes servant d’intermédiaire de confiance pour rencontrer des profils éloignés de son groupe social). pendant une à quatre heures, nous avons échangé et je les ai questionné·e·s sur différents aspects de leur vie.

aujourd’hui, avec une année de recul, nous avons décidé de centrer les futurs entretiens et la thématique de notre création sur l’auto-destruction, la sexualité, l’inhibition des émotions et du corps.

du classique « un garçon ça ne pleure pas », « je n’ai jamais vu mon père pleurer » ou « que quelques fois, sous alcool, en soirée, avec les potes, pendant quelques secondes » à la question du consentement dans le « milieu » homosexuel, j’ai pu entendre des histoires de peur, de mise en danger de soi, de violences intra-masculines, de viol, d’inceste.

la question n’est pas de faire le procès de ces garçons ni de les pardonner. aucune de ces extrémités. pas plus que d’occulter le combat féministe d’aujourd’hui, qui nous a permis d’atteindre cette sensibilité réflexive dont nous usons à présent, et dans lequel nombre de nos interrogations trouvent leurs sources.

la question est : pourquoi viril est-il si proche de violent ? envers autrui ou envers soi-même ? jusque dans son étymologie « viril » dérivé du sanskrit indien « vir- » (le héros, le guerrier) côtoie « violence » et « vertu » qui viennent de ce même sanskrit. tout comme « fascisme » et « phallus » se côtoient…

serions-nous condamnés par un simple mot ? par une étiquette qui indiquerait notre provenance et aurait raison de nos sensibilités, désirs, rêves et provoquerait notre silence social ?

nous refusons de croire au déterminisme social et à la condamnation des individus par quelque dogme créé par des hommes… il nous paraît insupportable, écocide et dramatique de penser qu’au-delà du bruit de ses activités combatives, compétitives ou sportives, il serait impossible d’entendre un homme.

nous fiant bien plus au libre-arbitre et à la piraterie de notre propre existence et de notre condition, nous voulons croire qu’il est encore possible de jouer de toutes ces étiquettes.

de rendre visible ce malaise du silence masculin.

yohan bret – 2022

 

consulter les mentions légales

enquête & éléments de la cabine 0